RIEN N’EST IMPOSSIBLE

Dans un premier temps, je vundrai m´excuser pour mon français. J´étudie cette langue depuis  peu de temps.

Je veux, aussi en mon nom et celui de “Aula de Psicodrama”, remercier à Marie-Noëlle Gaudé et à l´organisation de ce congrés pour votre invitation.

 

Quand Marie-Noëlle Gaudé m´a envoyé les résumés des communications, j´ai vu une 

phrase qui m´a frappé : “ notre vision du monde est saturée d´images, lesquelles

captent notre imaginaire, comment le psychodrame peut-il donner la possibilité

 d´ouvrir une autre dimension ” 

 

J´étais alors en train de lire un entretien du psychanalyste Hilario Cid, il raconte que

dans les temps qui courent, on souffre plus qu´avant, bien que maintenant nous

manquions moins de choses matérielles.

 

Je me suis souvenu qu´en Espagne les patients parlent d´un malaise très concret, de

comment ils avaient été trompés par les messages-images d´un autre qui leur

promettait le paradis. “ Ils nous ont fait croire que nous pouvions tout avoir: une

grande maison, une voiture de luxe, de beaux voyages ”; il y avait un message:

 “ Impossible is nothing ”.

 

Il y  a comme une tentative d´effacer le manque dans l´être.

 

En quelque sorte les idéaux ont été remplacés par des objets de consommation.

Un grand  Autre, la société, prétendant pallier, mitiger, tromper et effacer la

souffrance avec des objets de consommation et finalement, comme c’était prévu,

c’est “un échec”.

 

Cette chute des idéaux et des valeurs provoque une désorientation du sujet qui

engendre plus de personnes en souffrance.

Face à cette mystification, qui occupe la place de la fonction paternelle?

Qui apprend aux jeunes ce qu´ils devraient faire avec leur vie, leur travail, pour leur

transmettre les valeurs qui ont été  remplacées par la télévision et les réseaux

sociaux?

Dans cette société, où l´Autre est un imposteur, la personne se sent toujours au bord

de l’abime, ce qui produit inquiétude, insécurité et anxiété.

 

Si quelqu´un me demande quelle est la formule du bonheur, je dirais: “qu´il n´y a pas

de formule”, et aussi que peut-être il s´agit de rendre plus visible ses propres

insatisfactions.

 

La formule et les solutions appartiennent à chacun, à chacun sa façon,  c’est cela que

nous appelons “subjectiviser”.

Ceci  n´est-il pas l´objectif du psychodrame freudien?

 

Le désir par définition est insatisfaction et en même temps le moteur qui nous

anime.

Le bonheur idéal comme objectif  de vie et qui s´obtiendrait en consommant des

objets attrayants du marché, est une tromperie pour les enfants, toujours à la

recherche du paradis terrestre.

 

Freud nous dit que “ le retrait de la libido des investissements d´objet dans la

névrose, va retourner aux objets par le fantasme”.

Je pense que notre dispositif psychodramatique sert à alimenter l´instance

symbolique qui permet au sujet de se différencier des images reflétées dans la

publicité proposées par les media, avec pour objectif de vendre une image de

complétude, l´idée que « rien n’est impossible »  “impossible is nothing”.

 

Comme nous le voyons, nous nous trouvons face à une limite confuse entre la réalité

et l´imaginaire, lequel se clarifie dans notre dispositif psychodramatique. Un

dispositif qui délimite les bords, dans le jeu, dans les choix du moi auxiliaire, dans les

observations du thérapeute.

 

Je pense que nous devons transmettre le fait que l´expérience de vivre implique 

l’imprévisibilité des actes et leurs conséquences impossibles à anticiper.

 

Une expérience implique toujours que quelque chose échoue,  du côté du sujet et du

côté du grand Autre et comme Freud dirait: “le malaise fait partie de la civilisation”.

 

Je vous propose maintenant d’illustrer mon propos :

François raconte au groupe son premier contact avec l´angoisse. Au moment de se

diriger vers son rendez-vous galant, François se questionne et prend peur de ne pas

bander mais littéralement il dit : « de ne pas avoir la  bonne taille »,  signifiant dont

le sens nous sera donné plus tard.

 

Internet lui donne la solution; c´est ce qu´on appelle Viagra et c´est la pilule du

bonheur; mais plus tard, l´impuissance continue d’être son trou noir dans lequel 

François se voit attrapé constamment.

 

Freud dans le texte “sur une dégradation générale de la vie érotique”, nous signalait

que l´impuissance psychique est la raison pour laquelle  on  va chez le psychanalyste

avec plus de fréquence. Tout le monde a souffert d’un moment d´impuissance ou de

frigidité, cela nous amène à considérer que quand nous parlons d´impuissance, nous

ne devons pas penser tous le temps à un pénis en érection ou flacide, mais à

différentes situations oú le sujet, homme ou femme, n´atteint pas le succès attendu.

 

François représente la scène, dans laquelle il marche dans la rue, pour  rencontrer  cette femme et commence à se sentir mal.

 

Dans la représentation, l´animateur lui demande de dire á haute voix toutes ses

pensées. C´est alors que surgit une nouvelle donnée: “sur le chemin il passe devant

un magasin de sport, un magasin Adidas”.

Pourquoi François nous apporte t-il cette information?

François se rappele d´une autre scène de l’enfance, “à l´école tous ses amis s’habillait

avec des vêtements de marque, sauf lui, car ses parents ne pouvaient pas les lui

acheter”.

 

Il représente alors une scène dans la cour de l´école; la raison de toutes les élections 

des moi auxiliaires sont: “être fils de…”, “d´un docteur, d´un avocat, d´un

architecte…” La comparaison avec les autres fait que François  se met à parler de ses

ancêtres, de ses racines familiales, de comment son père lui rappelait que “jamais il 

ne devait oublier d´où il venait”, et il venait d´une famille humble.

 

Mais  François se demande: ¿pourrais je fuir?

D´oú? ou à quoi veux  tu échapper? Lui demande l´animateur.

François  nous dit : « un jour, mes parents m´ont acheté des Adidas, elles étaient en solde

et ne pouvaient pas être rendues ».

« Le problème est que les chaussures étaient trop petites pour moi et qu’elles m´ont

fait une blessure.

François en train de pleurer, dit: “ je veux toujours être ce que je ne suis pas. Ils me

vendent une image qui n´est pas la mienne et je veux la prendre. Le directeur de la

banque m´a convaincu de prendre un prêt. Il me disait que je pouvais m´acheter une

voiture et une maison”.

 

Alors, encore une fois, l´animateur lui redemande: “D´où, ou à quoi veux-tu

échapper?

Il répond : « De poursuivre des choses impossibles, de me faire des châteaux dans l´air, d’essayer d´être ce que je ne suis pas. Je dois reconnaître ma famille, mes

parents.  Ce sont de bonnes personnes et pourtant je ne veux pas les voir.

Là est mon impuissance ».

 

« J´ai toujours pensé qu´on ne m´aimeraient pas, tel que je suis.

Pourquoi ils m´ont emmené dans une école d´enfants riches, si nous ne l´étions pas?

S´est ma mère qui voulait être quelqu’un qu’elle n’était pas, mais mon père me disait

“n´oublies pas qui tu es et d´oú tu viens”.

 

La mère phallique, s´est la mère de la plénitude idéale, complétude totale pour les

deux membres de la cellule primordiale.

Justement, c’est ce à quoi le sujet doit renoncer, mais qui dans l’inconscient ne se

termine jamais.

 

Le “ je ne pense pas ” commun de nos jours,  nous évoque cet autre  qui

lance des objets (pour combler le manque) et le sujet qui se jette sur eux (pour

essayer  “d´être complet”). À la recherche de la jouissance, le désir disparaît.

De cette façon, la publicité, la littérature “light”, de digestion facile ou d’auto-

assistance,  tous les objets actuels  qui invitent à ne pas penser aident à ce que les

questions et les vérités de chacun soient oubliées.

 

Nous savons que la reconnaissance est soutenue par l´image, image qui fonctionne,

bien que fugace, en miroir avec l’autre , identification imaginaire qui fait parler

dans une tentative abusive d´être reconnu par le miroir: tentative qui dans le

psychodrame sera sanctionnée par le regard du thérapeute et des témoins qui

forment des tiers.

Il y a rupture avec la bonne image, avec la bonne forme, le moi idéal tombe,

finalement il y a désidentification.

 

Dans le psychodrame on tente, non seulement à travers des paroles, de border et de

contourner ce vide pour pouvoir créer à partir de lui et pouvoir faire naître,

un être à  partir de ce vide, et de le nommer.

 

À la fin de la cession et hors du cadre psychodramatique, François dit: “ si je m´achète des Adidas je m’arrangerai pour qu´elles soient à la bonne taille ”.

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